Le grand savant indien Cheikh Thânwî (que Dieu lui fasse miséricorde) fut un auteur particulièrement prolifique avec plus de 1000 livres ! Il a écrit sur à peu près tous les sujets avec à chaque fois une clarté, une précision et une profondeur rares.

Ce qui suit est un petit résumé d'un de ses livrets dans lequel il explique avec force détail la totale cohérence entre le message de l'islam et la rationnalité.

Résumé de Answer to the Modernism de Mawlâna Ashraf Ali Thanwi (rahimahoullah).

 

Les sept principes détaillés dans le livre sont résumés ici : 

 
  • L’absence de compréhension d’une notion ne signifie pas l’incohérence de la notion.
 
 

C’est ce que le grand savant Ibn Sînâ a énoncé en disant : "adama al-wadjdân lâ yadoullou alâ adama al-woujoûd".

 
 
 

Par exemple, il y a de cela 200 ans, si on disait à un homme qu’il y aurait un jour des satellites tournant autour de la terre, il n’aurait pu comprendre. Pour autant, il lui aurait été incorrect de conclure que pareille chose n’arrivera pas simplement parce qu’il ne peut l’appréhender intellectuellement.

 
 
  • Si une chose est rationnellement possible et qu’elle est attestée par des récits authentiques, il est nécessaire d’accepter son existence. D’un autre côté, si sa non-existence est attestée par des récits authentiques, il est nécessaire d’accepter sa non-existence.
Ibn Sînâ explique que les choses sont de trois sortes :
  1. Le nécessaire (wâjib)
  2. L’impossible (mumtani)
  3. Le possible (mumkin)

 
Un homme vient nous dire que le nombre des arbres de Paris et de ses banlieues limitrophes s’élève à 200000. Il est possible qu’il ait raison. Comment faire pour le savoir ? Deux moyens :

  1. Compter tous les arbres de Paris et des ses banlieues limitrophes, ce qui paraît pour le moins impossible si nous habitons une autre région du monde, ou

  2. Evaluer la crédibilité de celui qui nous apporte cette information. S’il s’avère que le rapporteur est crédible (mukhbir as-sadiq), il est tout à fait rationnel de croire à ce qu’il nous dit. Mais si le rapporteur paraît peu sûr, il est légitime de ne pas le croire. Mais cette démarche pour connaître l’intégrité de ce rapporteur est incontournable. On ne peut s’y soustraire si on veut juger de la véracité de l’information.

En islam, le porteur du message est le Prophète Muhammad (paix sur lui). Nous avons confiance en lui et acceptons ses informations parce qu’il est probe et irréprochable (Voir note en bas de page). Le Coran dit de lui (Najm / 3-4) « Il ne parle pas sous l’effet de la passion… »

 
Il porta à tous les musulmans la nouvelle de l’unicité de Dieu, de l’existence du Paradis, de l’Enfer, de l’avènement du Jour Dernier… Dieu lui a révélé le Coran dans lequel ces informations existent. Aussi, à tout ce qu’il nous dit, nous croyons sans la moindre réserve.

 
Et nous sommes là dans une démarche la plus rationnelle qui soit : croire aux informations apportées par un messager qui n’a jamais menti. Nous dire que notre foi n’a rien de rationnel sans nous le prouver est en soi irrationnel. Or, prouver le caractère irrationnel d’une croyance c’est chercher à prouver la non rationalité de cette croyance. Et la non rationalité n’est démontrable qu’en deux situations :

  1. Jam’al-Didayn : Il existe des contradictions dans la croyance en question. Par exemple, on y dit à un certain endroit qu’il fait jour, et à un autre qu’il fait nuit.

  2. Raf’al-Didayn : Il y a des non-sens dans la croyance en question. Par exemple, on y dit qu’il ne fait ni jour ni nuit.

Jusqu’aujourd’hui, nous attendons qu’on nous montre où sont les contradictions et où sont les incohérences.

  • Ce qui est rationnellement impossible n’a rien à voir avec le possible mais pas encore constaté. L’impossible s’oppose à la raison, mais le possible resté encore inobservé s’oppose à l’habitude. Or, la raison et l’habitude sont deux choses différentes. Seul ce qui s’oppose à la raison peut être qualifié d’irrationnel. Mais pour ce qui est du possible resté encore inobservé, c’est seulement quelque chose que la raison n’a pas encore eu l’habitude d’appréhender. C’est une grande erreur que de confondre les deux choses.

 
Autrement dit, il est correct de dire d’une chose qui soit possible mais qu’on n’a pas encore eu l’occasion de constater, qu’elle paraît étrange à nos habitudes de raisonnement. Mais il n’est pas correct d’affirmer qu’elle est impossible.

  •  L’existence d’une chose n’implique pas que cette chose soit palpable.

 Nul besoin de s’étendre sur ce point avec toutes les avancées de la science moderne. Cheikh Thanwi (rahimahoullah) utilise ce point pour balayer toutes les critiques contre certains aspects de la foi musulmane.

  •  Il est absurde de vouloir, par un argument purement rationnel, justifier ou infirmer un fait qui a été rapporté.
 
 

Cheikh Thanwi (rahimahoullah) donne l’exemple suivant. Quelqu’un nous dit que Alexandre et Darius étaient deux rois qui s’étaient livrés bataille à une certaine époque de l’Histoire. Si quelqu’un demande un argument logique pour prouver cela, même le plus grand philosophe de la terre sera dans l’incapacité de lui répondre. La seule réponse qu’on pourra lui fournir sera de lui dire « Il nous a été rapporté que ces deux rois ont existé. Il n’est pas irrationnel de croire qu’ils se sont battus. D’autant que des historiens disent qu’ils se sont effectivement battus. Et puisqu’il paraît logique de croire à des informations quand elles viennent de quelqu’un de raisonnable, il est normal de croire qu’ils se sont bien battus et que ce qui a été rapporté s’est effectivement passé. »

 
 

C’est exactement la même chose avec la croyance aux Prophètes (paix sur eux). Il est absurde de demander aux croyants une preuve relevant de la raison, pour des faits historiques qui ont été relatés de manière sûre.

  • Il est normal de demander à celui qui dit une chose une preuve. Il n’est pas normal de lui sommer de nous montrer un précédent.

Par exemple, il y a eu un terrible Tsunami en Décembre 2004. Si quelqu’un dit « Je ne peux croire à ce Tsunami que si on me montre un exemple d’un précédent Tsunami semblable. » Une telle demande est absurde car justement, ce Tsunami était, selon les scientifiques, sans précédent.

Dieu dit dans le Coran que le Jour Dernier, les membres du corps témoigneront. Si quelqu’un dit « Je ne crois à cela que si on me montre des membres qui parlent. » Une telle demande est aussi absurde que pour celle du Tsunami.
 

  • Il y a deux types d’argument : l’argument conclusif et l’argument approximatif. L’argument conclusif est une preuve logique qui ne peut être contredite. L’argument approximatif est une explication possible mais qui peut être contredite. Examinons les cas où il semble y avoir contradiction entre la raison et le texte d’une source de l’islam :
 
  1. La raison et le texte se contredisent au moyen d’arguments conclusifs : cela n’est pas possible car deux vérités ne peuvent se contredire.

  2. Le texte invoque un argument conclusif et la raison un argument approximatif. Il faut alors accepter le texte et se dire que la raison a dérapé quelque part.La révélation et le texte invoquent des arguments approximatifs contradictoires : on acceptera le texte et on laissera de côté l’argument de la raison.

  3. La raison invoque un argument conclusif et le texte un argument approximatif, soit par une souplesse dans la connotation que l’on peut donner au texte, soit par un souci d’authenticité du texte. Dans ce cas, il faut réinterpréter la révélation d’une manière qui ne contredise pas la raison. C’est dans ce cas et seulement dans ce dernier qu’une certaine préférence (relative) est donnée à la raison (dirayah) par rapport au texte (riwayah).
 
 
 

 

Remarque sur la probité du Prophète (paix sur lui) :

On pourrait objecter « Comment savez-vous qu’il n’a jamais menti ? » Nous répondrons que tout ce qu’il a dit et fait nous a été rapporté par des chaînes de transmission, ce qui reste unique en matière de préservation historique. Quand Sprenger découvrit l’immense quantité d’informations relative aux rapporteurs des Traditions prophétiques, il écrivit « La grandeur de la littérature des musulmans est dans ses biographies. Il n’y aucune nation qui n’ait gardé depuis douze siècles les traces de la vie de chaque homme de lettre. Si les données biographiques des musulmans étaient réunies, nous aurions probablement les détails de la vie de plus d’un demi million de personnages. On ne trouverait pas une seule décade de leur histoire, ou un seul endroit historique important sans avoir en même temps les détails de la vie des représentants de cette décade ou de cet endroit. » Alors de deux choses l’une. Ou bien, vous nous apportez un propos du Prophète (paix sur lui) qui comporte incohérence ou contradiction, ou bien vous nous apportez un élément fondamental de notre croyance qui ne nous ait pas été rapporté par de manière sûre. A moins de faire cela, vous n’avez aucun argument d’irrationalité envers la foi musulmane.

                                                                                                     Mawlâna Shokate Ali Limbada

 Cet article est disponible sur le site (www.nasiha-islam.com) de Mawlâna Shokate Ali Limbada au lien suivant :  Quelques points développés par Cheikh Thânwî

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